Cancer du sein : des traitements de plus en plus performants
Chimiothérapie, immunothérapie, radiothérapie… Vue d’ensemble des différents traitements existants pour combattre le cancer du sein.
Finie la stratégie du bazooka. Les traitements sont désormais différenciés et adaptés à chacune.
Jadis, toutes les femmes touchées recevaient le même protocole de soins, avec des résultats plus ou moins probants.
« On sait aujourd’hui qu’il existe plusieurs typologies de cancer du sein, aux caractéristiques moléculaires distinctes », précise le Dr Séverine Alran, chirurgienne-oncologue responsable de l’unité de chirurgie ambulatoire à l’Institut Curie.
Grâce à l’analyse génétique, des thérapies ciblées
Après une biopsie pour établir les spécificités de leur tumeur, les malades bénéficient désormais d’un traitement personnalisé « sur mesure ».
La chimiothérapie, par exemple, n’est plus systématique. Des tests génomiques permettent de déterminer si elle est nécessaire. Moins de 10% des cancers du sein détectés à un stade précoce retirent un réel bénéfice de cette artillerie lourde. Inutile donc de la prescrire aux autres femmes, compte-tenu de ses effets indésirables : chute des cheveux, nausées et vomissement, lésions buccales… Ces tests de profilage très coûteux (environ 3000 €) sont enfin disponibles et remboursés depuis mai 2016 en France.
De nouvelles molécules thérapeutiques ont aussi vu le jour, comme le Palbociclib contre le cancer du sein hormonodépendant agressif.
Contrairement aux chimiothérapies classiques qui attaquent sans distinction cellules saines et cellules malignes, cette molécule ne bloque que la multiplication des cellules cancéreuses.
« Une vraie révolution, estime le Pr Roman Rouzier, directeur médical du pôle sénologie de l’Institut Curie. Non seulement c’est un simple comprimé que la malade peut prendre chez elle, mais ses effets secondaires sont moindres que sous chimiothérapie ».
De même, l’herceptine vise spécifiquement les cellules tumorales porteuses du récepteur HER2 (15 à 20% des cancers mammaires avec métastases). En neutralisant celui-ci, elle réduit de 50% les risques de rechute. Et d’immenses progrès sont également attendus du côté de l’immunothérapie.
Son principe ? Stimuler le système immunitaire pour que l’organisme élimine lui-même les cellules cancéreuses. Des essais cliniques sont en cours, pour le traitement du cancer du sein triple négatif notamment.
Une étude française qui sera présentée début juin à Chicago propose un nouveau médicament permettant de faire guider la chimiothérapie par un anticorps.
Comme chaque année depuis plus de 50 ans, les plus grands experts de la lutte contre le cancer ont rendez-vous à Chicago début juin (jusqu’au 5) pour échanger sur les dernières innovations cliniques en cancérologie. C’est le congrès d’ASCO où les équipes françaises vont confirmer une fois de plus leur leadership en y présentant de nombreux travaux, notamment les résultats d’une étude sur la forme la plus agressive du cancer du poumon, dit à petites cellules, qui touche 10 à 15% des patients..
339 malades testés. Dans le cadre de cette étude, réalisée chez des patients atteints de cancer du poumon chez qui 2 protocoles différents de chimiothérapies avaient déjà échoué, et menée par une équipe de l’institut Gustave Roussy, un nouveau type de médicament révolutionnaire, une sorte de chimiothérapie téléguidée a été testée.
Au total 339 malades ont été inclus, à qui on a donc proposé de tester un traitement expérimental baptisé le ROVA-T. Ce traitement comporte deux parties, une chimiothérapie et un anticorps… et c’est là que c’est très innovant, c’est l’anticorps qui va guider la chimio, comme le précise le Professeur Benjamin Besse, cancérologue à l’institut Gustave Roussy.
L’anticorps, « une espèce de tête chercheuse ». « C’est une chimiothérapie qui est branchée sur un anticorps, et l’anticorps sert de vecteur. C’est donc une espèce de tête chercheuse qui va aller faire rentrer la chimiothérapie dans les bonnes cellules. Pour que les patients soient éligibles, ils faut qu’ils aient le marqueur reconnu par l’anticorps. Donc la première phase, c’était récupérer du matériel tumoral et rechercher ce fameux marqueur qui est positif dans 85% des cas », explique-t-il à Europe1.
Ensuite, les patients dont la tumeur avait ce biomarqueur ont donc eu 2 injections à 6 semaines d’écart. Et cela a été efficace, chez plus de la moitié des malades, la tumeur a diminué de volume. Des résultats prometteurs, du coup une nouvelle étude est en cours pour évaluer l’intérêt de ce médicament dès le début de ce cancer très agressif.
La radiothérapie moins agressive
Souvent prescrite après la chirurgie pour détruire les cellules tumorales résiduelles, la radiothérapie a notablement progressé ces dernières années.
Les nouveaux appareils permettent une irradiation focalisée qui a divisé par deux le taux de récidives locale à dix ans (de 15 à 6%). Leurs rayons ultra-précis traitent la zone atteinte et épargnent mieux les organes sains avoisinants, ce qui réduit les effets secondaires (brûlures, douleur en avalant…). Les dispositifs les plus récents adaptent même l’intensité de l’énergie délivrée en fonction du volume de la tumeur et du sein.
Résultat : des séances mieux supportées et dont le nombre peut être réduit à une ou deux par semaine dans certains cas, contre cinq d’ordinaire. Un nouveau protocole a aussi vu le jour : la radiothérapie per-opératoire. Destinée aux patientes de plus de 60 ans atteintes d’une tumeur de moins de deux centimètres, elle est pratiquée au bloc opératoire : les rayons sont administrés à l’intérieur du sein, juste après l’ablation des tissus cancéreux.
Ce traitement unique de 20 minutes se substitue aux 25 à 30 séances usuelles. Epatant !