Cancer du sein: des chercheurs de l’ULB découvrent un moyen d’améliorer le diagnostic et prédire l’efficacité de la chimio
Le Soir – Publié le lundi 17 juillet 2017 à 22h11
Améliorer le diagnostic du cancer du sein afin de trouver le traitement optimal et pouvoir prédire si la patiente répondra à la chimiothérapie: voilà ce que va permettre la découverte de chercheurs de la Faculté de Médecine de l’ULB et de l’Institut Jules Bordet, tous deux membres du Centre de Recherche de l’ULB sur le Cancer (U-CRC).
« L’agressivité et l’efficacité d’un même traitement peuvent varier considérablement d’un patient à l’autre, rappellent les chercheurs. Ceci est dû aux différences individuelles dans le profil moléculaire des tumeurs. Ces différences peuvent être utilisées pour prédire si un patient répondra mieux à une thérapie donnée et aide les médecins à choisir le meilleur traitement pour leur patient. Cette « médecine personnalisée » est une nouvelle façon de diagnostiquer et de traiter les patients atteints de cancer. Elle devrait sauver de nombreuses vies« .
Pour comprendre en quoi consiste cette avancée, qui vient d’être publiée dans la revue Journal of clinical investigation,il faut savoir que ‘les différences dans le profil moléculaire des tumeurs comprennent entre autres des changements dans les modifications épigénétiques de l’ADN, expliquent encore les scientifiques. Parmi celles-ci, la méthylation de l’ADN est devenue très importante en oncologie, car le profil de cette marque est altéré dans la majorité des cancers. La méthylation de l’ADN est très robuste et facile à mesurer, et est donc un excellent biomarqueur pour la médecine personnalisée« .
En quoi consiste la découverte des chercheurs de l’ULB?
Les équipes du Pr. François Fuks (directeur du Laboratoire d’Epigénétique du Cancer à l’ULB) et le Dr. Christos Sotiriou (directeur du Laboratoire de Recherche Translationnelle du Cancer du Sein de l’Institut Jules Bordet) ont découvert une signature basée sur des changements de méthylation de l’ADN dans le cancer du sein, qui améliore le diagnostic en quantifiant les cellules immunitaires dans les tumeurs. En outre, non seulement cette signature prédit aussi, au moment du diagnostic de cancer du sein, si la patiente répondra à la chimiothérapie, mais en plus, elle améliore le diagnostic de nombreux autres cancers, y compris le mélanome et le cancer du poumon.
Un test visant à prédire l’efficacité de la chimio en développement en Wallonie
La majorité des patientes recevant aujourd’hui un traitement « par défaut », la demande pour un test visant à prédire l’efficacité de la chimiothérapie pour le cancer du sein est essentielle. Car un temps précieux peut être perdu si le traitement optimal n’est pas administré immédiatement après le diagnostic. Aussi, afin d’améliorer cette situation, Diagenode, une société wallonne basée à Liège et spécialisée dans les essais diagnostiques et les outils de recherche en épigénétique, s’est-elle associée aux laboratoires des Prs Fuks et Pr. Sotiriou pour développer un test basé sur cette nouvelle signature pour un usage en routine clinique. Ce test sera offert aux oncologues pour les aider à choisir le meilleur traitement pour leurs patientes.
Ce projet est soutenu par le pôle de compétitivité santé de Wallonie, BioWin, à hauteur de 3,7 millions d’euros.
A terme, le projet devrait permettre de transposer la recherche académique vers l’application clinique, pour une meilleure prise en charge des patientes atteintes d’un cancer du sein.
A savoir sur le cancer du sein
Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes en Belgique avec plus de 10.000 cas diagnostiqués chaque année. Une femme sur neuf en sera atteinte au cours de sa vie dans notre pays. Bien que les progrès majeurs dans le domaine des thérapies aient amélioré la survie des patientes, cette maladie demeure la principale cause de décès par cancer chez les femmes, en Belgique tout comme dans le reste du monde.
L’étude publiée dans Journal of Clinical Investigation a reçu le soutien du Fonds national de recherche scientifique (FNRS), du Télévie, du projet BRUBREAST du plan INNOVIRIS de la Région de Bruxelles-capitale, du programme Pôles d’attraction interuniversitaires (PAI), de la Fondation belge contre le cancer, de la Fondation de recherche sur le cancer du sein (BCRF) et du Fonds Gaston Ithier.