Les femmes guéries d’un cancer du sein ont une meilleure espérance de vie
Le Soir* – 30 jan. 2017
Une étude aux Pays-Bas dresse d’étonnants résultats. Elle va être étendue à d’autres pays.
L’affirmation peut intriguer : les femmes atteintes de la forme la plus répandue du cancer du sein vivent plus longtemps que les femmes qui ne sont pas atteintes par la maladie. Comment comprendre cette nouvelle, qui fait sensation dans les salles du Congrès européen du cancer, qui rassemble actuellement plusieurs milliers de spécialistes à Amsterdam ? Ce n’est évidemment pas la maladie qui protège la vie des patientes : le « carcinome canalaire in situ », s’il est effectivement le stade le plus précoce d’un des cancers du sein, peut dégénérer en une forme plus aiguë et mortelle.
Comment expliquer alors que les femmes qui en sont atteintes vivent globalement plus longtemps ? Parce que, s’il peut progresser en un cancer du sein envahissant, il est généralement traité chirurgicalement, ou en associant chirurgie et radiothérapie. Et si le nombre de femmes diagnostiquées avec cette maladie augmente régulièrement, ce n’est pas parce que davantage de femmes sont atteintes, mais parce qu’il est plutôt bien détecté par les programmes de large dépistage du cancer du sein.
Les conclusions de l’Institut néerlandais du cancer sont que, bien que les femmes atteintes aient un risque plus élevé de mourir du cancer du sein, elles ont dans l’ensemble un risque légèrement inférieur de mourir, quelle que soit la cause. Ces chercheurs affirment que leurs résultats devraient rassurer les femmes qui sont diagnostiquées avec la maladie.
L’Institut néerlandais du cancer a étudié les données de 10.000 femmes néerlandaises entre 1989 et 2004. En comparant les patientes sur une moyenne de 10 ans et leur taux de mortalité avec la mortalité attendue dans la population générale, ils ont constaté que les femmes de plus de 50 ans traitées pour cette maladie présentent un risque de mourir qui est réduit de dix pour cent. Pour le docteur Lotte Elshof, épidémiologiste à l’Institut néerlandais du cancer, « le diagnostic de cancer peut être extrêmement pénible. Mais notre recherche indique que beaucoup de femmes surestiment les risques impliqués et ne savent pas quoi penser au sujet du traitement approprié. Notre étude devrait rassurer sur le fait qu’un tel diagnostic n’augmente pas le risque de mourir. » L’étude montre que les patientes atteintes d’un « carcinome canalaire in situ », un cancer qui n’est pas encore doté de métastases, affichent un risque de 2,5 % de mourir de cancer du sein après dix ans. À 15 ans, le risque grimpe à 4 %. Ces taux sont plus élevés que dans la population générale. Mais l’étude montre que ces taux sont plus faibles chez les femmes diagnostiquées plus récemment. Car ces patientes affichent un risque moindre de mourir de maladies des systèmes circulatoire, respiratoire et digestif, voire d’autres cancers. Les chercheurs disent que cette découverte est importante parce que traiter cette maladie par la radiothérapie pourrait causer des effets secondaires, y compris des dommages aux organes proches tels que le cœur. Les chercheurs vont étendre leur étude aux patients du Royaume-Uni et des États-Unis. Notamment pour comprendre pourquoi certains cas progressent dans le cancer invasif, tandis que d’autres ne le font pas.
Le professeur Philip Portman, chef du département d’oncologie radiologique du centre médical universitaire de Nimègue, explique que « le carcinome ducal in situ peut être un diagnostic inquiétant et confus pour beaucoup de femmes. Il peut progresser vers un cancer du sein, même après l’enlèvement de la totalité du sein ou après une thérapie de conservation du sein qui combine généralement une chirurgie avec une radiothérapie. »
FRÉDÉRIC SOUMOIS FRÉDÉRIC SOUMOIS Copyright © 2017 Rossel & Cie. Tous droits réservés