Auteur : Apolline Henry – Top Santé

Selon une nouvelle étude allemande, les femmes qui souffrent d’un cancer du sein risquent également de développer un syndrome de stress post-traumatique. Celui-ci peut se prolonger au-delà d’un an.

Le cancer du sein est un véritable fléau : c’est le cancer le plus observé chez les femmes en France, en Europe et aux États-Unis. Chaque année, dans l’Hexagone, environ 50 000 femmes sont diagnostiquées et environ 12 000 femmes en décèdent : 8 sur 10 ont plus de 50 ans. Heureusement, dans 90 % des cas, la guérison est possible.

Pourtant, selon une nouvelle étude de la Ludwig-Maximilians-Universitaet Muenchen (Allemagne), les patientes qui souffrent d’un cancer du sein ont des risques accrus de développer – en plus – un état (ou syndrome) de stress post-traumatique (ESPT) . Ce trouble psychologique (qui apparait généralement à la suite d’un événement traumatisant : agression, accident, attentat…) se caractérise par différents symptômes : hypersensibilité, troubles du sommeil et de l’attention, hypervigilance…

 

Les symptômes persistent plus d’un an

Les chercheurs ont suivi 166 volontaires (des femmes allemandes récemment diagnostiquées d’un cancer du sein) pendant 1 an. Résultat : pendant l’intervalle entre l’annonce du diagnostic et le début des traitements, 82,5 % des participantes présentaient des signes d’ESPT (ruminations, idées noires, irritabilité, hypervigilance, fragilité émotionnelle…). Au bout d’un an, seules 2 % des participantes réunissaient encore tous les symptômes, mais 57,3 % souffraient toujours d’au moins un symptôme.

Pire : grâce à un sondage mené auprès des 166 volontaires, les chercheurs ont découvert que, lorsque les patientes avaient subi des traumatismes avant le diagnostic (agression sexuelle, accident de voiture …), elles étaient tout de même 40 % à considérer la survenue du cancer du sein comme « le pire événement de leur vie ». D’où l’intérêt de coupler son traitement anti-cancer à une gym douce (yoga, Pilates …), à des techniques de relaxation ( sophrologie , automassages…) ou à des séances de méditation . Un bon moyen de soigner le corps… et l’esprit.

Ces travaux ont été publiés dans la revue médicale Psycho-Oncology .

Intérêt des soins de support dans la prise en charge des patientes atteintes de cancer du sein

Les soins de support sont ceux qui prennent en charge les conséquences de la maladie et des traitements pour le malade. Le spectre est large : soutien psychologique, soins diététiques, sophrologie, acupuncture, soins esthétiques… Pourtant, 34 % des patients seulement ont déjà entendu ce terme, selon le deuxième baromètre « Soins oncologiques » qui sera présenté lors du congrès des Transatlantiques en oncologie, les 20 et 21 novembre (réalisé entre fin 2013 et début 2014 auprès de 1 500 malades et 700 médecins).

La qualité de vie pendant et après le traitement est une préoccupation croissante, note également le baromètre cancer 2014 de l’Institut Curie (Paris). Environ 3 millions de personnes ont ou ont eu un cancer au cours de leur vie. Principale cause de mortalité en France avec 148 000 décès estimés en 2012 et 355 000 nouveaux cas par an, le cancer demeure la pathologie dans laquelle les inégalités de santé sont les plus criantes. Des différences qui touchent aussi les soins de support.

Si les établissements disposent d’organisations spécifiques de soins de support, une différence de perception entre médecins et patients est notable, notamment lors de la première consultation au cours de laquelle le diagnostic est posé, véritable choc pour les malades. Les traitements mais aussi les soins de support doivent être abordés, ce qui n’est pas toujours le cas.

Seulement 23 % des personnes interrogées ont déclaré que les infirmiers référents leur avaient proposé des consultations de soins de support, selon l’enquête de l’Afsos. Mesure phare des plans cancer, ces infirmiers ont pour rôle d’informer les patients sur tous les aspects du parcours de soins. Autre grief, ces soins sont essentiellement proposés au stade palliatif (87 %), contre 72 % au stade métastatique, 41 % au stade adjuvant et 36 % au stade diagnostic.

 

Plus de chances de guérison

« La gestion des symptômes, des conséquences physiques, psychosociales et professionnelles, dès le début de la maladie, est fondamentale », affirme Ivan Krakowki, président de l’Afsos, oncologue au Centre de lutte contre le cancer de Nancy« Un malade moins dépressif, moins fatigué, mieux nourri supporte mieux le traitement », ajoute le médecin. Les soins de support améliorent le traitement et la qualité de vie mais aussi l’espérance de vie et les chances de guérison. Chaque cas restant spécifique.

Une pratique sportive adaptée est aussi essentielle, ses effets dans la prévention des risques de rechute étant nombreux, comme le montre la littérature scientifique. « Une activité physique, suffisamment intense, régulière et encadrée par des professionnels formés, a un impact bénéfique réel pour les personnes atteintes de cancer aussi bien pendant la maladie qu’après les traitements », insiste l’association Cami Sport & cancer.