Grossesse après un cancer : les effets d’un traitement contre le cancer pour la mère et l’enfant
Auteur: Think-Pink/lundi 10 mars 2014
Si vous souhaitez tomber enceinte une fois votre thérapie terminée, vous devez probablement vous poser de nombreuses questions. Est-il possible ou permis de tomber enceinte ? Une grossesse augmente-elle le risque de métastases ou de rechute ? Combien de temps dois-je attendre avant de tomber enceinte ? L’accouchement pourra-t-il se dérouler normalement ? Le traitement a-t-il une influence sur mon enfant (à naître) ? 

Autant de questions que vous devez absolument aborder avec vos médecins traitants. Chaque cas est unique : ce qui vaut pour l’un, ne s’appliquera pas nécessairement à vous.
Risques d’un traitement contre le cancer pour la mère
De nombreuses femmes pensent qu’une grossesse accroît le risque de métastases ou de rechute après un cancer du sein, car les hormones stimuleraient la prolifération des cellules cancéreuses. En effet, les taux d’hormones augmentent sensiblement pendant une grossesse.
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Jusqu’à présent, il ressort de toutes les études qu’une grossesse n’a pas d’effet démontrable sur le risque de métastases ou de rechute ainsi que de cancers hormono-sensibles tels que les cancers du sein, surtout pour ceux qui ont été dépistés et soignés à un stade précoce.


- Aucun effet négatif sur la durée de survie après le cancer n’a non plus été prouvé. Quelques éléments indiquent même qu’une grossesse a un effet bénéfique dans le cas de certains cancers, dont celui du sein. Ces conclusions s’appliquent particulièrement aux femmes dont le cancer a été dépisté et soigné à un stade précoce. 

- Lorsque le cancer ou le traitement a endommagé certains organes (le cœur, les poumons, le foie par exemple), cela peut par contre occasionner des complications lors de la grossesse, pour le fœtus ou pour vous-même. Discutez au préalable des risques éventuels avec votre médecin.
Risques d’un traitement contre le cancer pour l’enfant
La chimiothérapie n’accroît pas le risque de malformations génétiques chez votre enfant. Cette probabilité est aussi importante que chez les enfants dont la mère n’a subi aucune chimiothérapie. Le risque de complications durant la grossesse n’est pas non plus accru. Enfin, la probabilité que l’enfant soit lui-même atteint du cancer n’est pas plus élevée, à moins qu’il s’agisse bien entendu d’un cancer héréditaire, tel que les malformations génétiques connues BRCA-1 et BRCA-2 qui augmentent le risque de cancer du sein.
Complications pendant la grossesse
Les éventuelles complications consécutives à un traitement contre le cancer sont la fausse couche, le décès du fœtus (mort in utero), la naissance prématurée et le poids de naissance trop bas. 


- Chimiothérapie 
À notre connaissance, la chimiothérapie chez la femme n’accroît pas la probabilité de fausse couche, de naissance prématurée ou de décès du fœtus. Il existe toutefois des études qui signalent un risque légèrement accru de fausse couche, de naissance prématurée et de poids de naissance bas après un traitement impliquant de hautes doses de médicaments alkylants (comme le busulfan et le cyclophosphamide).


- Radiothérapie 
Les jeunes filles et les femmes chez lesquelles la zone de l’abdomen, du bassin ou de la tête sont traitées par rayons, ou qui subissent une irradiation corporelle totale (ICT) courent, lors d’une grossesse ultérieure, un risque accru de travail précoce et de naissance prématurée ainsi qu’un poids de naissance bas (inférieur à 2500 g) et un risque légèrement plus élevé de fausse couche spontanée. Cela peut être dû à une élasticité et un volume réduits de l’utérus, à une détérioration de l’irrigation sanguine de l’utérus et du placenta ainsi qu’à des problèmes d’insertion du placenta. Si vous tombez enceinte après une radiothérapie, vous devez donc être très bien suivie pendant votre grossesse. 


- Chirurgie
 Lorsqu’en cas de cancer du col de l’utérus, une intervention chirurgicale préservant l’utérus (trachélectomie) a été effectuée, il existe un risque accru de fausse couche tardive et d’accouchement prématuré à cause d’un col de l’utérus faible qui s’ouvre trop rapidement. C’est pourquoi l’accouchement s’effectue toujours par césarienne.
Malformations congénitales et génétiques
Le traitement contre le cancer peut engendrer des modifications génétiques associées à une dégradation de l’ADN dans les cellules embryonnaires, les ovules et les spermatozoïdes exposés aux rayons. Ces modifications pourraient occasionner de sérieux dégâts au fœtus, entraînant le décès prématuré de ce dernier (avant ou directement après la naissance) ou de graves malformations génétiques. 


- Jusqu’à présent, il n’a jamais été démontré qu’il existe un risque plus élevé de déficiences génétiques (aberrations chromosomiques fœtales) ou de malformations congénitales chez les enfants dont la mère a été traitée par chimio- et/ou radiothérapie et qui est tombée enceinte de manière naturelle après un traitement contre le cancer.


- Le recours à la procréation assistée et à des techniques de micromanipulation pourrait toutefois faire légèrement augmenter cette probabilité. 


- Rien n’indique non plus que les enfants dont la mère a survécu au cancer risquent plus d’attraper cette maladie, à moins, bien entendu, que le cancer dont elle souffrait était héréditaire. Mais, dans ce cas, il ne s’agit pas d’une conséquence du traitement.
Effets sur l’allaitement maternel
L’irradiation de la poitrine a des conséquences sur l’allaitement maternel. À cause des rayons, les glandes qui produisent le lait peuvent être endommagées de manière permanente. L’allaitement maternel avec le sein irradié n’est généralement pas possible. De plus, le risque d’inflammation mammaire (mastite) dans le sein traité par rayons augmente après la radiothérapie.
Combien de temps faut-il attendre pour tomber enceinte après un traitement contre le cancer ?
De nombreux médecins recommandent d’attendre minimum deux ans avant de tomber enceinte après une thérapie. 
Ce n’est pas spécialement lié à la possibilité de tomber enceinte ou aux effets d’un traitement sur les ovules, mais plutôt au fait que le risque de rechute de la maladie est généralement plus élevé les deux premières années. En reportant la grossesse, vous évitez de rechuter pendant que vous êtes enceinte. Cependant, le risque de métastases ou de rechute reste toujours présent. 
Puisque de nombreux facteurs rentrent en ligne de compte (votre pronostic personnel, le traitement que vous avez subi, votre âge…), chaque cas doit être étudié séparément. 
C’est la raison pour laquelle nous répétons une nouvelle fois de bien discuter de tout avec votre médecin généraliste et avec les médecins traitants. Chaque cas est unique : ce qui vaut pour l’un, ne s’appliquera pas nécessairement à vous.