Le 01 décembre 2014 à 19h00 – par Hélène Bour 

Des scientifiques américains ont mis en place un nouveau traitement contre le cancer du sein, dont les premiers essais cliniques ont été concluants.

Elaboré par l’Ecole de médecine de l’Université de Washington (Etats-Unis), le vaccin thérapeutique contre le cancer du sein serait efficace pour ralentir la progression de la maladie et sans danger sanitaire. C’est ce qui ressort de l’essai clinique de phase I, publié aujourd’hui dans la revue scientifique Clinical cancer Research.

Des effets secondaires modérés

Le vaccin présenté dans l’étude incite les globules blancs du système immunitaire à détruire les cellules comportant une protéine appelée mammaglobine-A (MAM-A).

Si son rôle n’est pas clair au sein d’un tissu mammaire sain, cette protéine est présente de façon très importante dans le tissu tumoral, dans 40 à 80% des cancers du sein. Mais chez les rares patientes dont les tumeurs cancéreuses n’expriment pas la protéine MAM-A, ce vaccin n’est donc pas efficace.

Pour l’étude, 14 patientes atteintes de cancer métastatique et exprimant la protéine MAM-A ont reçu le vaccin thérapeutique. Parmi elles, aucune n’a souffert d’effets secondaires sévères, montrant ainsi la sécurité sanitaire du vaccin. Des effets secondaires faibles ou modérés (légers symptômes grippaux, éruptions cutanées ou douleur au niveau du site de vaccination) ont toutefois été observés, chez 8 des 14 patientes vaccinées.

Un vaccin qui ralentit la progression du cancer

Au sein de l’échantillon, le vaccin a permis de stopper la progression du cancer chez la moitié des patientes pendant un an, même lorsque celles-ci avaient un système immunitaire affaibli par les traitements chimiothérapiques. Dans le groupe témoin constitué de 12 personnes non vaccinées, seules 3 femmes ont vu la progression du cancer stoppée, ce qui constitue, malgré le faible nombre de personnes, une différence significative.

D’après le Dr Gillanders, co-auteur de l’étude, ces résultats sont très encourageants :

« Malgré le faible système immunitaire de ces patientes, nous avons observé une réponse biologique au vaccin en analysant les cellules immunitaires de leurs prélèvements sanguins. »

« Et maintenant que nous avons prouvé l’innocuité du vaccin, nous pensons le tester chez des patientes récemment diagnostiquées, pour nous donner une meilleure idée de la thérapie de ce vaccin. »

 

Des médecins flamands veulent tester un vaccin contre le cancer du sein

A la demande du professeur américain Brian Czerniecki, qui a développé un vaccin contre le cancer du sein, des médecins flamands souhaitent collaborer aux recherches. Si les conditions sont remplies (financement à hauteur de 2 millions d’euros et accord du comité d’éthique), des milliers d’adolescentes belges seront appelées à se porter volontaires pour être vaccinées, a expliqué le Dr Jaak Janssens, oncologue attaché à l’hôpital Jessa à Hasselt.

« Nous faisons des recherches sur ce vaccin depuis déjà de nombreuses années. La phase suivante est de vacciner des jeunes filles à grande échelle et de les suivre pendant 30 à 40 ans. Nous choisissons des adolescentes âgées d’environ 16 ans parce que nous savons que la grossesse a un impact sur le développement du cancer du sein. Dans ce groupe cible, nous pouvons simuler une grossesse hormonale et ça nous permettra d’obtenir beaucoup d’informations », explique le Dr Janssens, en réaction à un article publié dans Het Belang van Limburg.

Le médecin détaillera les conditions liées à l’étude lors d’un congrès international qu’il organisera, en tant que président de The European Cancer Prevention Organisation (ECPO), les 21 et 22 novembre à Hasselt. « Les protocoles pour débuter les recherches sont prêts. Si le comité d’éthique donne son feu vert et que le financement est bouclé, nous pourrons commencer la sélection des milliers de volontaires dans toute la Belgique. Vu qu’une femme sur 10 risque de souffrir d’un cancer du sein au cours de sa vie, nous devons tester à grande échelle », ajoute-t-il.